Waterfall et Cycle en V
Vous travaillez en waterfall ou en agile ? Voilà le genre de question auquel j’ai droit aux réunions de parents d’élèves. Et ça m’énerve. Je vous explique pourquoi.
Prenons un exemple. On veut faire une voiture.
Voici la décomposition de notre produit en sous-produits et ainsi de suite. Sur l’exemple, par soucis de lisibilité, nous n’avons détaillé que la « Transmission », au niveau 4.
Et bien, ce n’est pas notre projet, mais c’est l’objet de notre projet et c’est ce que je vous explique dans cette vidéo.
Le cycle en V, parfois confondu avec le waterfall ou modèle en cascade, est issu de l’ingénierie système.
L’ingénierie système a été pensée pour le développement de systèmes complexes. On entend par là des systèmes composés eux-mêmes de sous-systèmes, qui peuvent eux aussi être à nouveau décomposés, et ainsi de suite. Comme une voiture. On a donc une imbrication de systèmes, formant, in fine, un système complexe, à l’image de poupées russes.
La difficulté réside donc dans l’intégration des différents sous-systèmes, afin qu’ils participent tous au système final, conjointement. L’ingénierie système est un sujet d’intégration et d’interaction.
Là, il faut penser aussi plus large, car il y a aussi intégration et interactions avec des éléments extérieurs.
Prenons l’exemple d’une voiture: elle va avoir des interactions avec ses passagers, avec le garagiste lors de révisions, avec la route, une éventuelle remorque, etcaetera.
L’ingénierie système regarde donc la voiture non pas comme une voiture, mais comme un système plus global.
La difficulté est de maîtriser tout cela.
L’idée de base est donc de prendre les différentes exigences, et ainsi de les passer aux différents sous-systèmes, et ainsi de suite.
Par exemple, les irrégularités de la route doivent être prises en compte, certes lors de la conception des pneumatiques et des amortisseurs, mais aussi du confort des sièges ou de la rigidité du châssis, par exemple.
Il faut ensuite que ces exigences soient cascadées sur les systèmes inférieurs., sur les sous-systèmes, jusqu’aux composants qui vont constituer les sous-systèmes, les systèmes et enfin le système global.
Vous le voyez, il s’agit véritablement de la conception d’un système complexe.
Dans ingénierie système, il y a aussi « ingénierie ». C’est-à-dire qu’il est plus malin de se poser des questions en amont (durant l’ingénierie) plutôt qu’en aval (durant l’intégration)
Ainsi, l’ingénierie système ramène des réflexions sur la planche à dessin plutôt que dans l’atelier pourrions-nous dire. En réalité, c’est même plus en amont que cela. L’ingénierie système regarde le système durant sa phase de conception.
C’est ce que vous voyez là à l’écran: sur la gauche, la conception, lieu de l’ingénierie système. Au milieu, le produit virtuel, et à droite, le produit fini
Pour tout cela, l’ingénierie système s’appuie sur des processus. C’est cela l’ingénierie système: développer un système complexe par les processus.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous conseille l’excellent ouvrage collectif de l’Association Française de l’Ingénierie Système: Découvrir et comprendre l’Ingénierie Système
Lien en description de la vidéo
Vous y trouverez notamment la définition de l’ingénierie système: c’est un mode de pensée et une façon d’appréhender les affaires par une approche structurée pour passer du besoin à la solution.
Et le cycle en V dans tout ça ?C’est une façon de définir les exigences de haut niveau pour tout le système complexe, et comment on va les cascader aux niveaux inférieurs.
Puis nous allons vérifier d’abord que chaque sous-système individuel fonctionne bien, puis fonctionne bien avec les autres sous-systèmes avec lesquels il est regroupé au sein d’un autre sous-systèmes, pour enfin vérifier que l’intégration ne vient pas affecter ses performances.
On a donc une série de tests, qualifiés parfois de: réception des composants, tests de sous-systèmes, tests d’intégration, tests de performance, tests de qualification. Cela a lieu pour tous les sous-systèmes, jusqu’à intégration finale en système final.
Quand on représente cela côte-à-côte, on voit apparaitre une forme de V, d’où son nom de cycle en V.
Vous noterez qu’entre les deux, il faut tout de même réaliser…
Vous voyez là une représentation plus académique, pour référence, issue de la publication de l’Association Française d’Ingénierie Système mentionnée précédemment.
Vous remarquerez que nous n’avons pas parlé de projet. Alors comment se situe le projet là-dedans ?
Je reviens à ma remarque initiale: la voiture n’est pas le projet.
L’ingénierie système intervient en amont, durant la conception du produit, que nous qualifierons de produit à faire. Le projet, lui, a d’autres visées. C’est pour cette raison que j’ai pris l’exemple de la voiture pour introduire l’ingénierie système. Car l’ingénierie système part du produit à faire, la voiture. Tandis que le projet va livrer le produit pour faire, c’est-à-dire, et de manière simplifiée: des plans, des fournisseurs, une usine de production.
Mais ces éléments répondent à la fabrication de la voiture qui a été conçue selon les règles de l’ingénierie système, pour minimiser les mises au point sur la ligne de production.
Nous avons donc le produit à faire, et le produit pour faire.
Vous le voyez, l’ingénierie système, et donc le cycle en V, ce n’est pas de la gestion de projet. Ce sont des modes de pensée, des façons d’appréhender un système complexe, que l’on va utiliser dans le projet pour passer du besoin à la solution (à savoir le produit à faire) tandis que le projet va se focaliser sur le produit pour faire.
Voilà pour un aperçu très rapide de l’ingénierie système et du cycle en V. Alors la prochaine fois que l’on vous demande si vous travailler en cycle en V, répondez: « moi ? Je gère des projets. Mais il y a des gens dans mon équipe pour l’ingénierie système ».
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